L'Or, LA4 - Chapitre XII, séquence 45 (en entier)
Elèves du groupe :
Kohou Alexandre
Florian Bobin
Moctar Tall
Habré Bilah
Menni Imane
Ceddo Niang
Quel portrait du protagoniste Cendrars dessine-t-il dans cet extrait ?
- Blaise Cendrars, poète et romancier du XXème siècle
- a écrit L'Or en quarante jours, en 1925, œuvre marquant le début de sa carrière de romancier, mais passionné par Suter depuis la fin du XIXème siècle
- ... un homme parti de rien de sa Suisse natale, décrit comme "L'homme le plus riche du monde", mais qui a tout perdu suite à la découverte d'or sur ses terres.
→ Quel portrait du protagoniste Cendrars dessine-t-il dans cet extrait ?
- Un homme ruiné économiquement, le condamnant à une déchéance personnelle
- Un homme en quête d'une échappatoire, se réfugiant dans l'illusion en raison d'une aide qui ne lui parvient pas
1. Suter, un homme ruiné
a) Ruine économique
- Malédiction de Suter, futilité de son travail, ce qu'il a accompli.
- Auto-(sur?)estimation de la valeur de sa propriété:
- "100 millions de dollars. 1 milliard'' (l.20): Auto-(sur?)estimation de la valeur de sa propriété et de l'or qu'on y a découvert :
→ Nombres mis en scène de manière hyperbolique → Evalue de manière démesurément grande ce qu'il perd.
- ''La tête lui tourne à la pensée qu'il n'en aura jamais un sou.'' (l.20-21)
→Suter sombre dans la depression à l'idée de ce qu'il n'aura pas.
- "Ils ont incendié mes moulins...est-ce-juste?" (l.22-24)
-Énumération + adjectifs possessifs + question de justice, visiblement très importante pour lui ; "la Loi" (l.25), avec un "L" majuscule, connotant l'ampleur de la tâche (?), "
- Suter est dépouillé de ses biens:
''On l'a volé." (l.19) :
→ "On"= Le monde/L'Univers ; Suter se sent visé (à tort?) par tous: tout le monde veut ce que lui appartient : il en devient donc paranoique.
- "L'Or l'a ruiné." (l.16)
Phrase courte qui laisse entendre plus qu'elle ne dit sur la situation financière de Suter:
→ Paradoxe dans la phrase en elle même: l'Or normalement source de richesse le ruine.
→"L'Or" écrit avec "O" majuscule. ~ personnification: l'Or= entité, principal antagoniste, ennemi & source de tous les maux de Suter
→ Ruine qui semble à première vue économique mais qui s'avère être également morale, d'où la...
b) Déchéance personnelle
- Illustrée par un déclin moral
- "Il se plonge dans la lecture de l'Apocalypse." (l.5)
→ Le verbe "plonge" connote une immersion: chute vers une fin du monde certaine.
- "Lui, l'homme d'action par excellence, lui qui n'a jamais hésité, hésite maintenant/l'inquietude secrète qui le ronge courbe et ploie sa taille de chef" (l.9/l.11-12)→ champ lexical du doute traduit la perte d'assurance de Suter
→ contraste avec l'éloge qui est fait du personnage : qualificatifs mélioratifs : "l'homme par excellence" (l.9), "grande taille de chef" (l.12)
→ rend plus dramatique la fin du personnage.
- Chute qui ne s'arrête pas au doute, mais qui se répand à toute la personne : "Il devient renfermé, méfiant, sournois, avare." (l.10)
→ Gradation ascendante des sentiments de Suter: de l'excellence au doute, du doute à la solitude: toute sa personne est touchée, il n'est plus ce qu'il était, génie de l'interraction.
→Le personnage perd toute sa grandeur.
- Un personnage vieilli, qui a vécu "la découverte des mines d'or" (l.11) comme une tragédie
→ description d'un vieillard marqué par le temps : "blanchi, barbe et cheveux" (l.11) (c.f. Mme. Suter lors de son trajet vers la Californie)
- Exprimée par les sentiments pathétiques asservissant Suter:
- Peur "il est en proie à une sombre terreur/ Et il a peur" (l.1-2/l.8) , "Ses yeux sont fuyants. La nuit il ne dort pas"(l.14)
→ sa peur le pousse à fuir, le perturbe, et trouble son sommeil.
- Ressentiment "Il croit avoir été toute sa vie un instrument entre les mains du Tout-Puissant" (l.6-7)
→ Rejet de la religion et de sa foi, il se dit que Dieu (le Tout-Puissant), en plus d'être contre lui, l'a toujours manipulé (cf. personnage de Job)
- Incompréhension/confusion "Il cherche à deviner dans quel but, pour quel raison/Il ne comprend pas" (l.7-8/l.17)
→ champ lexical de la reflexion et de l'incompréhension
→...mais qui n'aboutit pas (pas de solutions.) => desespoir
Sa ruine économique, et sa déchéance personnelle marque la fin de sa légende, et de sa réussite
2. Suter, un homme en quête d'une échappatoire
a) Un personnage qui a besoin d'aide
- Suter vit désormais dans la peur et l'anxiété:
"Il est en proie à une sombre terreur" (l.1-2)
Champ lexical de la "méfiance" (l.10) & de l'angoisse : "frappé" (l.1), "en proie" (l.1), "sombre terreur" (l.2), peur" (l.8), "inquiétude" (l.11)
- Suter est un personnage émotionellement instable :
- Début de l'extrait il se pose une multitude de question :
"pour quelle ? (l.20)
"A qui s'adresser ,Seigneur?"(l.21)
- Sentiment de peur et d'inquietude :
- A la fin de l'extrait il est serein et moins anxieux :
"Il songe à ce coin paisible de la veille Europe ou tout est calme" (= la Suisse, son pays natal)
- Suter semble donc être tout à fait paisible (adjectif paisible connote la quiétude du personnage)
→ Opposition entre le debut et la fin de l'extrait
→ connote la situation émotionelle mouvementée du personnage et son instabilité.
- Enumération qui suggère un côté négatif & aussi universel :
-répétition anaphorique de " tout" (l.21) " tous ces hommes", (l.27) "toutes" (l.28) "tout" (l.29)
→ exprime l'ampleur du malheur de Suter
- Le personnage cherche un refuge:
- "La nuit, il ne dort pas" (l.14)
→ sous entend que Suter ne rêve plus. Il est enfermé dans la dure réalité et ne trouve pas d'échappatoire: il est hanté.
- Il est perplexe, perdu.Il s'interroge constamment sur le parcours de sa vie:
- phrases interrogatives issues des pensées de Suter "100 millions de dollars, un milliard ?" (l.20) ; "Et tous ces hommes qui sont venus détruire ma vie pourquoi ?" (l.22);
→ traduit la recherche d'une solution,d'une main amie et d'une réponse.
- ... qu'il semble trouver dans la religion
- Champ lexical de la divinité ; "Tout-Puissant" (l.7), "Dieu" (l.20), "Seigneur" (l.21)
→"Il croit avoir été toute sa vie un instrument entre les les mains du Tout-Puissant" (l.6-7) ; "C'est une injustice. A qui s'adresser, Seigneur ?" (l.21)
- "Lui se plonge dans la lecture de l'Apocalypse" (l.5)
→ Projection vers la fin du monde (plutot du sien): il généralise sa fin personnelle en se lançant dans la lecture de l'Apocalypse (dernier livre du Nouveau Testament qui conte la "Fin du Monde" de l'apôtre Jean)
→ il cherche une réponse dans les textes sacrés.
- Suter "cherche [explicitement] une aide, un conseil, un appui autour de lui" (l.31) mais rien :
- "mais tout se dérobe" (l.31)
→ seul, livré à lui meme
→ la descente de Suter, qui se résoud aux croyances: il opte pour la facilité en se tournant vers la religion qui offre une réponse simplissime à ses questions.
→ quête de la vérité, en s'adressant à figure divine + aux "hommes" (l.22) → quête floue, vague
- Cette désorientation va l'entraîner dans l'illusion. Après s'être intérrogé maintes fois "tout se dérobe au point qu'il croit, par moments, ses maux imaginaires" (l.31-32)...
b) Un personnage qui se réfugie dans l'illusion
- Le personnage retourne dans son passé, dans sa petite enfance (dans le ventre de sa mère)
"lointaine petite patrie" (l.37) ; "enfance" (l.32)
- Suter fait part de ses regrets en se repentissant de ses actions passées "Il songe [...] à son enfance, à la religion, à sa mere, à son pere" (l.33)
- insiste sur la disgrâce - "avec honte" (l.33) - le déshonneur qu'il a subi
- raconte au présent de narration : se donne l'impression d'y être, accentuant l'illusion, puis au présent d'énonciation
→ s'accroche au passé car il ne peut plus avancer, se rememorant des "figures" principales de sa vie.
→ se refugie dans l'illusion car son monde implose.*
- Opposition entre Runenberg le lieu de départ de son aventure (lieu simple et calme) et la position actuelle de Suter, la Californie, lieu bondé et violent où son bonheur a été volé
Impression de chaos :
- lieu désorganisé : " tous ces hommes qui sont venus detruire" (l.22) ; "mes moulins, pillés et dévastés mes plantations, volés et abbatu mes troupeaux" (l.22/23)
- Suter est dans la tourmente (scène apocalyptique), désemparé par ce qui lui arrive
→ tellement reél qu'il croit voir une image, il se sent tellement mal qu'il hallucine: comparaison "Il revoit Runenberg comme sur une image" (l.41)
- Un personnage dans l'illusion:
- Champ lexical de la rêverie "imaginaires" (l.31), "il songe" (l.33) ; "victime d'un mirage" (l.37), "il songe" (l.37), "image" (l.41).
- Aux bords de la folie, il se remémore les moments clés de sa vie (retours en arrière, dans le passé): "ce coin paisible de la veille Europe ou tout est calme, réglé, à sa place" (l.37-38)
→ nostalgie de ce lieu, la Suisse, evoquant le passé paisible et insouciant de Suter : champ lexical de la paix concentré en 1 seule phrase: "paisible" "calme" "réglé", "à sa place"
- Fin du texte: Il est au paroxysme de l'illusion "Il voudrait y retourner et mourir" (l.42).
→ Complètement impossible: il se fait vieux.
→est encore bercé par ses illusions.
Conclusion:
- Cendrars peint un sombre tableau de Suter
- description d'un homme certes effondré, mais pas passif car...
- constamment à la recherche d'une solution en la religion et des retours sur son passé, mais en vain
- Ouverture sur l'origine de la ruine de Suter; la découverte de l'Or : chapitre VII, séquence 28.
- ... ou sur le trajet de Madame Suter au chapitre XI, seq 39.
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